Je n’ai pas
les mêmes informations que les vôtres, mais les miennes sont vérifiables. Je
vous en présente quelques-unes…
S’il
faut séparer un peu artificiellement les situations, Vincent Lambert n’est pas
dans un « état végétatif » (expression en fait à proscrire) mais dans
un « état pauci-relationnel », c’est-à-dire qu’il a une conscience
minimale. Au contraire des personnes dans le coma, il n’est pas
inconscient : il n’a pas de traitement médical lourd, il n’est branché à
aucune machine, il est juste incapable de boire et de se nourrir tout seul, au
même titre qu’il est incapable de se laver tout seul. Il reconnaît ses proches,
il s’est même rendu au mariage de sa sœur.
Dr. Catherine
Kiefer, chef du service des soins et réadaptation pour traumatisés crâniens à
l’hôpital de Villeneuve-la-Garenne, a rappelé ceci : « Un patient en état pauci-relationnel est dans un état de
conscience minimale. Cela veut dire qu’il a une certaine conscience de lui-même
et de son environnement (…). En premier lieu, il fixe et suit les choses du
regard. Deuxième point, il a un comportement.émotionnel adapté, comme sourire
en voyant un proche. Troisième, il a des mouvements spontanés et volontaires
dirigés vers un but. (…) Mais il faut insister sur le caractère unique de chaque
patient. Il ne peut en aucun cas y avoir de réponse simple. Pour moi, ce sont
de grands handicapés. Pas des légumes, ni des patients en fin de vie ! On
peut interagir avec eux. Ils sont bien vivants, les familles les emmènent le
week-end. » (« Nouvel Observateur », propos recueillis le 16
janvier 2014).
Le
rapport de l’Académie nationale de médecine, daté du 22 avril 2014 et remis au
Conseil d’État le 5 mai 2014 (n°375081) a insisté sur la réflexion
suivante : « L’arrêt de vie, en
réponse à une demande volontaire à mourir alors que la vie elle-même n’est ni
irrémédiablement parvenue à son terme ni immédiatement menacée, ne peut être
assimilée à un acte médical. ».
La
contribution du Comité d’étique (CCNE) au Conseil d’État, datant du 5 mai 2014,
est très documentée. Le Comité d’éthique a fait remarquer que la nutrition et
l’hydratation n’était pas des traitements mais des soins : « La frontière entre traitements et
soins est ici particulièrement floue : il s’agit aussi (…) de soins de
support et d’accompagnement, de soins courants, tout simplement de soins
humains premiers (que l’on songe ici à l’impératif obligation alimentaire qui
lie culturellement et juridiquement les membres d’une même famille). ».
Les
trois experts médicaux en neuroscience qui ont rendu leur rapport au Conseil
d’État en fin février 2014, les professeurs Marie-Germaine Bousser, Lionel
Naccache et Jacques Luauté, ont expliqué que Vincent Lambert a manifesté des « réactions aux soins » mais
qu’il « n’était pas possible »
de savoir si c’était « l’expression
d’une intention ou d’un souhait à l’égard de l’arrêt ou de la
prolongation » des soins. Il a juste montré une volonté très tenace de
vivre lorsqu’on a cherché à arrêter son alimentation et son hydratation l’an
dernier.
Les
trois experts ont souligné : « Dans
une telle situation et en absence de directives anticipées et de personne de
confiance, le degré d’atteinte de la conscience ne saurait constituer le seul
élément déterminant de la mise en route d’une réflexion concernant un éventuel
arrêt de traitement. ».