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Commentaire de Vivre est un village

sur Annie Lacroix-Riz dénonce, faits à l'appui, la non-épuration des collabos et s'attire les foudres de la censure


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Vivre est un village Vivre est un village 5 mars 2020 10:25

@Vivre est un village

En 1922, une poignée de financiers français, souvent issus des grands « corps » de la haute fonction publique (inspection des Finances, Conseil d’État, Polytechnique), redonna vie à une société secrète fondée dans les années 1880 par le polytechnicien Saint Yves d’Alveydre, le « Mouvement synarchique d’empire » ou « synarchie ». Les « fondateurs » de cette association comptaient élaborer dans ce cadre étroit le programme qui les doterait de nouvelles institutions idoines. Ainsi seraient-ils débarrassés des obstacles que le régime républicain avait dressés contre leur contrôle exclusif de la politique intérieure et extérieure française. La démocratie parlementaire avait dû concéder à la population certains moyens de défense, créant autant d’entraves à la prise de décisions immédiates sur toutes les questions : le parlement, jugé trop sensible aux desiderata des électeurs, les partis, les syndicats ouvriers, etc. Cléricaux, liés à l’Action française, véritable matrice du fascisme français, ces gens haïssaient la débonnaire république (qu’ils qualifiaient volontiers de « judéo-maçonnique ») presque à l’égal de la révolution bolchevique. Laquelle constituait l’autre obsession majeure de ces milieux financiers qui, en France et ailleurs, avaient perdu en novembre 1917 la tutelle sur l’économie moderne de la Russie que le régime tsariste aux abois leur avait concédée pendant 25 ans.

Une liste de 1945 des Renseignements généraux de la Sûreté nationale recense onze des douze « fondateurs de la synarchie ». La liste est représentative des piliers de l’économie française, haute banque, Comités des houillères et des forges et grande industrie chimique : 1° banque et finance (frets internationaux et intérêts coloniaux), avec quatre délégués du groupe de Nervo (aussi puissant que méconnu), dont son chef, le baron Léon de Nervo ; deux de la banque Worms, son président, Hippolyte Worms, et son directeur général, Jacques Barnaud ; deux du « groupe Renaudin », puissant au Crédit industriel et commercial, « banque des milieux catholiques ultramontains […] notoirement lié à la finance suisso-allemande » - et « pivot des combinaisons financières du Vatican en France » [1] -, Maxime Renaudin et son gendre Marcel Bourgeois ; 2° le Comité des houillères, avec son président, Henri de Peyerimhoff ; 3° le Comité des Forges, avec « Louis Formery », lié à la fois à « la combinaison Schneider&Cie » et « au groupe [chimique] Kuhlmann » ; 12. inconnu. » [2]. J’ignore si le douzième était un délégué de la haute banque - par exemple la Banque d’Indochine, promise ici à un rôle clé, avec son chef Paul Baudouin - ou du Comité des Forges, mais l’une et l’autre disposèrent ensuite d’une place de choix dans cet aréopage, un peu élargi au fil de l’entre-deux-guerres.

 


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