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Accueil du site > Actualités > Economie > Avancées sociales et remise en cause du partage de la valeur

Avancées sociales et remise en cause du partage de la valeur

Le débat sur le partage de la valeur prend un relief particulier sur fond de résultats records et de dividendes versés par les firmes européennes et celles composant l'indice CAC 40 en 2022.

Dans ce contexte, l'entreprise pourrait-elle jouer un rôle sociétal en modernisant ses dispositifs de participation et d’intéressement au moment où sur fonds de conflits sociaux et de flambée des prix des matières premières les revendications salariales sont fortes

Dividende Salarié {JPEG}

En inventant de nouveaux outils tels le « dividende salarié » proposé par l'Elysée et Bercy malgré le scepticisme de l'Association française des entreprises privées ( Afep), le président du Medef et les représentants de la Confédération des PME ( CPME). De nombreuses études récentes montrent que la participation des salariés à la gouvernance de l'entreprise a un impact positif sur sa performance économique. D'où la nécessité d'aller vers un modèle démocratique qui fonde une organisation équilibrée et respectueuse des parties prenantes, timides objectifs décrits par la loi Pacte, relative à la croissance et la transformation des entreprises adoptée en 2019.

Les superprofits des firmes internationales et leurs limites

Les entreprises composant l'indice MSCI Europe ont distribué 382 Mds d'euros à leurs actionnaires en 2022, en progression de 23% d'après une étude récente publiée par la société de gestion Allianz Global Investors.

En France le bal des résultats annuels vient de commencer sur fond de performances exceptionnelles réalisées par les géants du luxe et des sociétés financières, BNP Paribas annonce des résultats provocants , sans oublier Total Energies dont les flux de trésorerie d'exploitation ont progressé de 56%. D'après la Lettre Vernimmen. Net publié en janvier 2023 les Groupes du CAC 40 ont versé 80,I Mds d'Euros à leurs actionnaires sous forme de rachats d'actions, niveau jamais enregistré et 56,5 Mds d'Euros de dividendes. Sept groupes de l'indice, entreprises matures, ont redistribué plus de 50 % des capitaux propres à leurs actionnaires, en lieu et place d'investissements dont, LVMH, Sanofi, suivis par des financières, BNP Paribas, AXA, Crédit Agricole, contraintes de renforcer leur solvabilité. La pression environnementale monte sur les grands groupes appelés à davantage partager et financer la transition écologique. Qu'en est-il de leurs capacités d'innovation, issues de leur situation de trésorerie pléthorique et de leur politique de distribution des liquidités générées ?

Dans ce scénario de hausse continue des profits, les 114 entreprises qui composent l'Afep ( Carrefour, Danone, Seb, Vinci …) semblent réticentes à établir plus d'égalité entre les salariés et leurs employeurs qui selon elles sont les premiers bénéficiaires de la valeur ajoutée crée. C'est aussi 68 % des dirigeants de la CPME qui sont défavorables à l'instauration d'un dividende salarié selon une récente enquête réalisée à leur demande.

Mais le gouvernement est décidé à mener à bien son projet et Bruno Le Maire a déclaré le 20 Janvier de cette année sur BFM Business « on ne peut pas demander aux français de travailler plus longtemps et ne pas garantir en même temps une plus juste rémunération de leur travail. » Ces mesures de politique publique représentent un chantier essentiel qui s'il est mené à terme serait garant d'un retour à une paix sociale indispensable.

Modalités pratiques de la participation des salariés à la gouvernance d'entreprise

Les mécanismes de participation et d’intéressement y existent depuis 1959 et la France est le pays européen qui compte le plus de salariés devenus actionnaires en souscrivant des Plans d’épargne entreprise ( PEE) ou des fonds communs de placements collectifs ( FCPE). C'est au sein des entreprises du CAC 40 que la part du capital détenue par les salariés est la plus importante, 3, 5% mais loin de l'objectif des 10% de la loi Pacte qui permettraient aux salariés de bénéficier de la hausse de la valeur entrepreneuriale. Il existe aussi un mécanisme de Stocks Options au sein des entreprises cotées essentiellement attribués à leurs cadres dirigeants, permettant à un nombre très restreint de personnes d'en détenir le capital. La codétermination, issue de la loi Pacte se caractérise par la participation dans les Conseils d'Administration( CA) ou de Surveillance de représentants de salariés leur permettant de peser dans les choix stratégiques de l'entreprise. L'objectif étant de dépasser les relations conflictuelles syndicats/ patronat en fondant une organisation équilibrée et respectueuse des parties prenantes internes. Mais la France n'en est qu'à ses balbutiements avec la présence de seulement deux représentants des travailleurs au CA alors que ceux des des grandes entreprises allemandes sont pour moitié composés de salariés depuis très longtemps . L'extension de la loi Pacte devrait rapidement concerner le tissu des PME et ETI souvent industrielles qui créent des emplois au cœur des territoires et des villes moyennes et délocalisent peu.

Visant à aboutir à une démocratisation de l'entreprise Timothée Duverger, Directeur à la Fondation Jean Jaurès souhaite exporter le principe d'une responsabilité entrepreneuriale caractéristique des entreprises de l'économie sociale et solidaire ( ESS) au niveau des PME de l'économie de marché en s'inspirant d'un régime mis en place aux Etats Unis l'Esop ( Employee Stock Ownership Plan ), conduisant les travailleurs d'accéder à la propriété.

Plus audacieux, Pascal Demurger DG de la MAIF, filiale du Credit Mutuel réinvente le partage de la valeur au bénéfice de la planète en lançant un « dividende écologique » permettant d'engager 10% des bénéfices annuels dans des projets de solidarité climatique et de régénération de la biodiversité. La MAIF a aussi adopté une stratégie climat en excluant les énergies fossiles de ses placements.

 

Souhaitons que toutes ces initiatives au cœur des mutations contemporaines conduisent à un nouveau texte succédant à la loi Pacte. Cela permettrait d'inscrire la France dans une perspective où les salariés et leurs représentants syndicaux seraient en mesure d'équilibrer les dérives d'un capitalisme trop financiarisé.

 


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10 réactions à cet article    


  • troletbuse troletbuse 10 février 2023 11:10

    Toujours dans les articles comiques.J’ai vu que l’on tenait compte de notre spécialiste Le Maire 2 qui va couler l’économie russe en imposant des sanctions contre les Français et qui va provoquer la fermeture d’un bon nombre d’usines. Du beau boulot.

    Qu’est-ce que vous voulez attendre d’un idiot qui ne sait même pas ce qu’est un hectare et qui a avoué que les maths, c’était pas son fort. ?

    Mais en macronie, plus on est con, plus on réussit.


    • nanobis nanobis 10 février 2023 11:20

      @troletbuse
      idiot ? non ....Mais qui le paye ?


    • Sirius paparazzo 10 février 2023 11:11

      Au Royaume-Uni, BP a révélé qu’il avait réalisé un bénéfice de 27,7 milliards de dollars (23 milliards de livres sterling) en 2022, soit plus du double de l’année précédente, alors que les Britanniques se gèlent dans leurs appartements

      Le géant de l’énergie

      L’entreprise a également annoncé qu’elle ne respecterait pas son engagement en matière d’émissions de carbone, en affirmant qu’elle visait désormais à réduire les émissions de 20 à 30 % d’ici 2030, contre 35 à 45 %, et qu’elle continuerait d’investir dans le pétrole et le gaz.


      La société pétrolière Shell a également annoncé des bénéfices exceptionnels la semaine dernière, totalisant 40 milliards de dollars (33 milliards de livres sterling) – le plus élevé des 115 ans d’histoire de la société – les deux sociétés bénéficiant de la forte hausse des prix de l’énergie liée à la guerre. en Ukraine.


      BP a également déclaré avoir versé plus de 14 milliards de dollars (11,8 milliards de livres sterling) aux actionnaires en 2022.


      Le directeur de Global Justice Now, Nick Dearden, a déclaré que la décision de BP de continuer à investir dans le pétrole et le gaz, malgré son énorme contribution aux émissions mondiales historiques, était « écœurante ». "Ce qui est encore pire, c’est que plus de la moitié de cette somme quitte les poches de familles en difficulté et se dirige directement vers des actionnaires super riches, alors que des millions de personnes ne peuvent même pas se permettre de chauffer leur maison", a-t-il déclaré.

      Mais heureusement, le patron de BP, Bernard Looney, a déclaré que la société "contribuait à fournir l’énergie dont le monde a besoin" tout en investissant dans la transition vers l’énergie verte. Et, heureusement aussi, ça n’est pas la même chose chez nous, puisqu’on n’a pas un gouvernement « conservateur » qui encouragerait ce genre de politique.


      • joletaxi 10 février 2023 11:32

        @paparazzo
        mais mais mais....ce n’est pas ce que réclame le peuple ?
        car il faut savoir
        soit vous voulez lutter contre le terrible chaos climatique qui augmente même les cas les excisions, et pour cela depuis 10 ans, a été mise en place un mécanisme ESG qui interdit les investissements vers les fossiles, même les fonds de pension s’y sont soumis en contradiction flagrante de leurs engagements vis-à-vis de leurs clients, avec pour conséquence une contraction de l’offre, les investissements en recherche et mise en exploitation de gisements sont en chute libre, et bien sur les prix explosent, car la demande est elle incompressible(il y a toujours autant de bouchons que je sache), avec bien sur une bonne volée de taxes « citoyennes »
        et bien sur , ce sont les plus démunis qui en pâtissent les premiers
        soit vous constatez que cette soi-disant « transition » est impossible, et son imposition ne repose sur aucun argument solide, et vous tenter de refaire retard pris , et arrêtez la gabegie des investissements inutiles dans des solutions qui dans les faits ne servent strictement à rien
        j’observe que la Chine, l’Inde, n’ont aucunement l’intention de s’engager dans cette vois sans issue où nous nous précipitons
        La >Norvège, par exemple ,que tout le monde des bisounours vante, a accordé de nouveaux permis de recherche en Arctique, et profitent à fond de la hausse des prix

        Et du pétrole et du gaz, on entrouve tous les jours, faut juste chercher, ce que l(on s’interdit,
        Les grandes compagnies pétrolières font leur métier, produire et vendre leur produit au meilleur prix tout le reste est bavardage et manipulation, de la secte verte arrosée avec l’argent de milliardaires US qui ont hérité leur fortune... grâce aux fossiles, un comble


      • pasglop 10 février 2023 11:47

        Pourquoi voudriez-vous que le capitalisme soit « trop » financiarisé alors que la financiarisation est devenue la condition même du maintien du taux de profit, du moins dans le schéma de création de valeur qui prévaut aujourd’hui.
        Après des décennies de délocalisations, la question du partage de la valeur devient cruciale mais le rapport de force entre détenteurs, gestionnaires de capitaux et régulateurs ne cesse de favoriser les premiers.


        • tashrin 10 février 2023 12:10

          Ne pas tomber dans le piège...

          Le « dividende salarié » n’a aucun sens.

          Dividende, c’est le produit lié à la détention des parts de l’entreprise, donc du capital. Et la propriété allant de pair avec la responsabilité, ca induit également un pouvoir de gouvernance et l’aceptation d’un risque économique

          Le salaire lui rémunère le travail, s’exerce dans le cadre d’un lien de subordination, et constitue une charge fixe (au sens où l’entend la gestion) sans risque lié à l’activité de l’entreprise. Mon salaire est dû parce que j’ai bossé, pas parce que l’année été bonne.

          Le raisonnement qui consiste à remplacer le revenu du travail par un ersatz de remuneration du capital est spécieux : 

          > Ce revenu est dépourvu du pouvoir de décision auquel il est normalement associé

          > Ca fait du travail une variable d’ajustement en fonction de la conjoncture, et fait peser le risque économique sur le salarié alors qu’il ne touchera pas les fruits d’une conjoncture favorable ni ne pourra influer sur les décisions prises. Et en plus ca diminue les cotisations sociales, qui rappelons le sont du revenu différé

          C’est donc une escroquerie


          • Eliane Jacquot Eliane Jacquot 10 février 2023 18:18

            @tashrin
            1/2En lieu et place « d’escroquerie », soyons sérieux 

            Se pose ici la question de la répartition de la valeur dans l’entreprise et de son partage , et il convient de rééquilibrer les rapports de force entre capital et travail. Des études récentes dont celles conduites par la sociologue belge Isabelle Ferreras montrent que la participation des salariés au capital, à la gouvernance et aux décisions a un effet positif sur les performances des entreprises. Les salariés, en pesant sur le projet de leur entreprise permettent de palier aux dérives du capitalisme financiarisé. " il faut démocratiser l’entreprise afin de permettre aux travailleurs de participer à gouverner leur entreprise, et d’autre part, travailler au niveau de la branche et de l’économie en général afin de créer un maximum de solidarité entre travailleurs et diminuer la violence du marché du travail sur les individus." nous dit-elle. 


          • Eliane Jacquot Eliane Jacquot 10 février 2023 18:30

            @tashrin
            2/2

            Et encore , les rapports de force entre travail et capital devraient enfin se rééquilibrer : Dès lors, les experts de Bercy envisagent de muscler les dispositifs de participation et d’intéressement (le dividende salarié) pour les groupes du CAC 40 qui affichent des résultats que certains peuvent qualifier à juste titre d’indécents


            « L’actionnariat salarié permet d’accroître la rentabilité des entre prises mais aussi de freiner leurs pratiques de versements de dividendes et de rachats d’actions. Parallèlement, la participation des salariés au conseil d’administration (ou de surveillance) modère les versements de dividendes aux actionnaires. Ces résultats s’inscrivent dans une perspective de réflexion sur le renouvellement de la gouvernance d’entreprise et l’évolution de la politique de distribution des liquidités. »

            Cécile Cézanne Maître de conférences-HDR en économie, Université Côte d’Azur

            Xavier Hollandts Professeur de stratégie et entrepreneuriat, Kedge Business School


          • tashrin 13 février 2023 09:22

            @Eliane Jacquot
            Vous n’allez pas m’apprendre la problematique de l’actionnariat salarié, je travaille en cooperative depuis 15 ans
            Mais vous n’avez pas lu ce que j’ai écrit, dont je maintiens chaque terme
            En tant que salarié, ma rémunération n’a absolument pas à être liée aux performances de l’entreprise, il s’agit d’une charge fixe et le fait de remplacer le salaire dû en fonction du temps travaillé par une gratification, peu importe comment vous l’appelez, qui est fonction du resultat, c’est une escroquerie


          • Jason Jason 11 février 2023 10:40

            Bonjour,

            Entièrement d’accord avec vous. Mais si l’Etat force trop les entreprises à partager le gâteau, les entreprises transporteront le-dit gâteau ailleurs. C’est le chantage habituel à la concurrence.

            Tout ça reste un exercice très difficile, à moins que cela ne s’opère au niveau européen, et c’est pas gagné.

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