De la réparation à l’explosion sociale !
L'inquiétude et la déspérance sont présentes partout, dans les "résidences", dans la rue.
Le présent et l'avenir, c'est la pauvreté....
La colère couve, elle peut éclater !
La fonction des associations caritatives est d'apporter du réconfort, de l'aide à tous ceux qui sont dans le besoin et la misère.
Elles procèdent de la réparation sociale, certes, mais peuvent-elles faire autrement ?
Une petite vidéo présentant un monsieur cherchant de la nourriture dans une poubelle passe en boucles sur facebook.
Est-ce « bien » de prendre un tel film et de montrer cet homme que l'on peut identifier ?
Nous nous interrogeons et nous ne sommes pas les seuls.
Les personnes qui ont fait la prise de vue ont-elles parlé à cet homme, ont-elles proposé une aide ?
Oui c'est honteux que la société ne fasse rien et que les institutions de la République se défaussent sur les associations caritatives .
La fonction des CCAS n'est-elle pas de se préoccuper de la question sociale sur leur commune, des habitants qu'ils soient logés ou à la rue ?
Il y a peu, nous avons participé à une réunion sur Melun regroupant différentes institutions et associations comme la Croix Rouge et quelques autres.
Il s'agissait de faire le point sur le suivi de personnes en grande vulnérabilité, non pour établir un état des lieux mais pour le suivi et l'accompagnement de SDF afin de leur trouver un hébergement ou de les accompagner vers une mise à l'abri ou une protection acceptée.
C'est une bonne initiative qui devrait pouvoir faire date et être reprise partout comme à Fontainebleau où une douzaine de SDF sont à la rue, laissés à eux-mêmes .
Heureusement que la maraude assurée, entre autres par la Croix rouge veille et apporte ce qu'elle peut à ces hommes et ces femmes.
Beaucoup pourraient vivre en appartement, les plus jeunes notamment, il suffirait de les accompagner .
Les Colibris solidaires d'Avon Fontainebleau et SOS Hébergement ont aidé quatre jeunes à trouver un logement. Ces quatre jeunes qui dormaient dehors et surtout pas à « la belle étoile » sont chez eux, ils ont tous les quatre un travail.
Ce que nos associations ont réalisé avec des petites mains pourrait être mené conjointement par le 115 et les CCAS .
Nous n'ignorons pas que si le gouvernement finance les associations caritatives c'est parce qu'elles empêchent les révoltes et les émeutes.
Devons-nous pour cela ne rien faire et ne pas aider celui qui souffre ?
Notre démarche s'inscrit non dans le caritatif mais dans l'éducation populaire.
Les associations caritatives ne peuvent pas déroger à une obligation de neutralité et d'ailleurs leur reconnaissance comme association d'utilité publique les empêche de manifester.
Pour nous, associations de solidarité, il s'agit d'établir un lien entre l'aide apportée à celui ou celle qui souffre et l'intervention politique au sens plein du terme.
Quand une famille se trouve à la rue et que le 115 répond qu'il n'a pas de place disponible, nos associations se mobilisent et agissent pour que l'institution assure ses responsabilités.
Les résultats obtenus ne sont pas insignifiants, loin de là.
Quand une expulsion est prononcée et que le temps de la prévention est passée, nous accompagnons la famille de A jusqu'à Z pour empêcher l'expulsion et assurer une mise à l'abri si celle-ci est jetée à la rue.
Notre démarche procède de l'éducation populaire : nous ne faisons pas à la place des gens mais les aidons à devenir maîtres de leur destin. Il arrive même et c'est l'ultime récompense que la personne aidée s'engage dans l'association.
Aujourd'hui la France a faim. De plus en plus de personnes subissent les augmentations des prix et l'impossibilité de se nourrir et de se soigner.
La désespérance se développe, nous la côtoyons .
Nous sentons aussi la colère, celle des locataires face à la montée des charges, celle des jeunes étudiants qui n'arrivent pas à se loger et celle de toux ceux qui comptent en sachant bien que demain sera pire qu'aujourd'hui.
Cette colère peut conduire à l'explosion sociale.
Que l'on ne compte pas sur nous pour la contenir, nous sommes là avec les laissés pour compte et leur combat est aussi le nôtre.
Smina Kernoua et Jean-François Chalot
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