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Commentaire de Legestr glaz

sur Les paradoxes de l'évolution de l'espèce humaine


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Legestr glaz Legestr glaz 26 avril 20:31

@Legestr glaz

Comme je le soulignais plus haut, l’organisme est non seulement en mesure de produire des acides gras « mono-insaturés », à partir d’acides gras saturés, mais il peut aussi synthétiser un acides gras « polyinsaturé » : l’acide de Mead, un acide gras de la série des omega 9, à 20 atomes de carbone, possédant 3 insaturations . Cet acide de Mead est d’autant plus présent dans l’organisme que l’alimentation est pauvre en omega3 et omega6.

Plus encore. L’acide de Mead, omega9 à 20 atomes de carbone, peut être « allongé » en acide docosatrienoïque (-DTA- à 22 atomes de carbone et 3 insaturations) qui est formé à partir de l’acide de Mead par « élongation ». Et ce n’est pas encore tout. L’élongation et la désaturation peuvent encore aller plus loin avec l’acide tétracosatriénoïque (24:3 n-9), l’acide tétracosatétraénoïque (24:4 n-9) et l’acide docosatétraénoïque (22:4 n-9). 

En absence des acides gras « essentiels » dans l’alimentation, l’organisme produit l’acide de Mead. Et celui ci, tout comme l’acide arachidonique(AA, omega6)) et tout comme l’acide docohexaénoïque (DHA, omega3), est à l’origine de la formation de « médiateurs lipidiques ». Mais les propriétés de la plupart de ces médiateurs lipidiques, dérivés de l’acide de Mead, restent floues parce qu’il ne fait pas vraiment l’objet d’études de premier plan. Malgré tout, une étude tout à fait récente d’octobre 2023 souligne ceci : « Des études pathologiques et épidémiologiques récentes sur l’acide de Mead soulèvent la possibilité de ses effets favorables sur l’inflammation, le cancer, la dermatite et la mucoviscidose, suggérant qu’il s’agit d’un acide gras polyinsaturé multifonctionnel endogène ».

Il convient de souligner que les acides gras de la série omega9 ont des effets bénéfiques reconnus contre les maladies cardio-vasculaires. Ceci devient un véritable paradoxe lorsque l’on comprend que dans l’organisme humain, les omega9 peuvent être très facilement obtenus depuis les acides gras saturés que l’on diabolise pour leur supposée action dans le développement de maladies cardiovasculaires. On frise ici la schizophrénie. Les acides gras oméga-9 ont également des effets bénéfiques sur les risques d’hypertension artérielle.

Il faut savoir que les quantités d’acide de Mead et d’autres acides gras polyinsaturés de la série oméga9, présentes dans l’organisme, sont faibles alors que l’acide arachidonque (omega6) et l’EPA (précurseur omega3 du DHA) sont abondantes. L’enzyme Δ6-Désaturase, l’enzyme limitante dans la synthèse des acides gras polyinsaturés, a une affinité beaucoup plus élevée pour les omega3 et omega6 végétaux que pour l’acide oléique (mono-insaturé, omega9).

Par conséquent, la désaturation Δ6 de l’acide oléique est fortement supprimée en présence d’omega6 et d’omega3 d’origine végétale. Par conséquent, les recommandations officielles à nous faire consommer des omega3 et des omega6 s’opposent à la synthèse d’acide de Mead, malheureusement. Savoir aussi que les Hommes du paléolithique n’avaient pratiquement pas accès aux omega3 et omega6 « végétaux ». Ils pouvaient consommer du DHA préformé en mangeant du poisson, sinon ils devaient s’en remettre aux acides gras polyinsaturés omega9, dont l’acide de Mead, produits par l’organisme. 

Ce qu’il faudrait « méditer », en rapport avec les omega3, c’est que des habitants de villages isolés en montagne, qui n’ont pas accès à la ressource alimentaire maritime, ont la réputation d’avoir la plus longue espérance de vie au monde. C’est le cas des « Hunza » dans le nord du Pakistan et des habitants de « Vilcabamba » en Equateur. Et pour ces peuplades, pas d’accès au DHA, l’omega3 marin. Peut être que l’acide de Mead et le DTA font aussi bien l’affaire que le DHA ? 

Une conclusion d’étude de 2021 : « Nos résultats suggèrent également qu’il pourrait y avoir des conditions inflammatoires dont l’enrichissement alimentaire en AGPI n-9 supprime plus efficacement que l’enrichissement alimentaire en AGPI n-3. Par conséquent, l’efficacité de l’enrichissement alimentaire en AGPI n-9 pour d’autres types de réactions inflammatoires doit être comparée à celle de l’enrichissement en AGPI n-3. »

Et la question centrale est bien celle-ci : « et si les acides gras omega9 polyinsaturés, que l’organisme humain sait produire, avaient une efficacité supérieure aux oméga3 polyinsaturés qu’il faut aller chercher, avec difficulté, dans l’alimentation maritime ? Mais pour produire ces acides gras polyinsaturés omega9 il ne faut ni consommer d’omega6 ni d’omega3 puisque l’enzyme qui est utilisée pour la production d’omega9 polyinsaturés, chez l’Homme, est »accaparée" par les omega6 et omega3. 

A suivre.


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