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Accueil du site > Tribune Libre > Quand la gauche cherchait un père...

Quand la gauche cherchait un père...

Remplacer l'analyse concrète d'une situation concrète par la recherche d'un père, d'un maître à penser est une propension étonnante des intellectuels et des partis de la gauche qui se disaient hier authentiques, révolutionnaires, d’extrême gauche ou de la gauche de gauche comme on dit aujourd'hui. C'est ainsi qu'elle a adopté, successivement, quelquefois simultanément, mais jamais dans l’unité car il y a plusieurs demeures dans la maison du père, Lénine, Staline, Trotski, Mao, Castro, Guevara… pour ne citer que les plus illustres.

Malheureusement, après un long culte sans discernement, les thuriféraires ont bien dû se rendre à l’évidence proclamée depuis longtemps par les contre-révolutionnaires, suppôts du capitalisme, que les maîtres, au pouvoir, avaient ou avaient eu beaucoup d’esclaves et fait beaucoup de victimes… Et les seigneurs exotiques, même si leur combat contre l’impérialisme ou le colonialisme était juste, ont dû être abandonnés le plus souvent parce que, arrivés au pouvoir, ils avaient mal tourné…

Quant aux intellectuels de la gauche extrême, après leur crise de juvénile rougeole, nombreux sont ceux qui se sont retrouvés ou se retrouvent, en France, dans des postes importants du monde littéraire, politique, culturel… Brillants, aujourd’hui comme hier, soutenant aujourd’hui ce et ceux qu’ils pourfendaient ou méprisaient hier, apparemment avec la même force, la même compétence et la même conviction.

L’extrême gauche n’a pas été gênée par les crimes des pères. La gauche domestique, dite de gouvernement, au pouvoir en France a été directement sanglante, il ne faut pas oublier l’Indochine, Madagascar, l’Algérie et quelques expéditions ou soutiens militaires discutables ici ou là… Elle n’a guère brillé aussi bien dans la décolonisation qu’en politique intérieure. Que ce soit François Mitterrand, exemplaire sur ces deux tableaux, comme garde des Sceaux pendant la guerre d’Algérie ou comme président de la République, changer la vie, disait-il, avant de changer de politique, Lionel Jospin, peut-être le moins pire mais champion des dénationalisations ou François Hollande, rapidement civilisé par son ennemi, la finance…

Comment après tout cela, peut-on encore se dire ou voter communiste ou socialiste ?
Pourtant, je l’ai fait, au moins au second tour de toutes les élections. Toujours avec l’espoir que, cette fois, ici, ce serait différent.

Ici ou ailleurs, que la gauche était belle quand elle était dans l’opposition !

Aujourd’hui, il n’y a pas d’ici, il n’y a pas d’ailleurs de gauche ! Elle n’est pas belle, même dans l’opposition !

NB 1 : Article écrit avant le 18 décembre 2018 et non publié.
NB 2 : Après l'écriture de cet article, certains se sont tournés vers Evo Morales. Aujourd'hui, le Panthéon semble fermé pour réparation.

Quand la gauche cherchait un père...

Ce projet d'article n'a jamais été diffusé. Pourquoi ? Parce qu'il ne me satisfaisait pas ? Parce que ce n'était pas encor l'heure du bilan ?
Dans la même période...
J'avais commencé "ce que je pense..." Mais ne suis pas allé jusqu'au bout..

CE QUE JE PENSE...

Dans L'Espoir d'André Malraux, deux personnages discutent et leur conclusion est : je suis de gauche parce que je suis de gauche !

Je suis de gauche mais me trouve de plus en plus mal à l'aise avec des gens qui se disent de gauche. Depuis quelque temps, ce désaccord me pèse. Heureusement, j'ai décidé de ne plus militer. Mais je me sens inutile.

Dans ma vie, j'ai toujours voté pour la gauche, même avant d'avoir de droit de vote : j'ai porté la contradiction en réunion publique au MRP en faveur de Front Républicain, à Carcassonne en 1956. Avec une exception, je me suis laissé aller à voter Chirac lors du second tour de l'élection présidentielle Chirac-Le Pen.
Quand j'ai voté pour la gauche, une fois élus, les candidats n'ont pas tenu leurs promesses (le Front Républicain, François Mitterrand, François Hollande). Souvent, ces candidats, élus ou non, avaient du sang sur les mains (Guy Mollet et François Mitterrand en Algérie) ou étaient complices solidaires ou silencieux de crimes (Communistes).

Je ne suis pas indemne : j’ai voté pour eux, en sachant, pour éviter le pire ici... Je me souviens d'un dialogue avec un étudiant : on ne peut pas être contre le Parti qui défend les ouvriers... Il ne fallait pas désespérer Billancourt et, aujourd’hui, les quartiers...
Ce qui reste de Billancourt et les quartiers ne sont même plus désespérés par la gauche. Ils sont ailleurs...

J'ai milité aux cotés de gens qui, à mes yeux, nient la réalité. Je n'ai pas eu le courage de les contredire. Je ne me sentais pas assez équipé pour leur faire face de façon intelligente. Je me suis contenté de militer pratiquement sur des points que j'approuvais et j'ai, quelques fois, démissionné.

Enfin, bien souvent, nos maîtres à penser se sont mentis ou nous ont menti. Nous les avons crus. Nous les avons suivis. Plus ou moins. Il faut voir avec quelle facilité, nombre de ces penseurs ont couru, suivant la période, derrière Staline, Mao, Castro, Chavès. Ils étaient révolutionnaires, sans la vérité.

Déceptions et mensonges accumulés font qu'aujourd'hui, c'est la droite et l'extrême droite qui apparaissent plus proches de la réalité et entraînent vers des lendemains qui risquent d'être très douloureux.

Comme Simone de Beauvoir, Nous avons été floués ! Certains, qui viennent après nous, risquent de le payer cher.

Quand la gauche cherchait un père...

Aujourd'hui, j'ai décidé de faire le point, sans censure, pour ma tranquillité d'esprit.

Dans Le Premier homme, Albert Camus : En somme je vais parler de ceux que j’aimais. Et de cela seulement. Joie profonde. Pour ma part, je vais essayer de parler de CE que je pense. Même si cela me sépare de ceux que je voulais aimer. Tristesse profonde.

Serai-je capable d'y arriver ? Et à quoi bon un tel exercice ? Mais aussi, inégalités croissantes entre les pays et dans chacun des pays.

Pour la première fois, semble-t-il, les hommes savent où leur comportement les conduit. Ils continuent comme s'ils ne croyaient pas à ce qu'ils annoncent. Une fois de plus, ils se mentent, ils nous mentent ?
Vogue la galère et ses galériens. 19/12/18 (?)

Je voulais changer le monde. Au moins participer, aider au changement. Le monde a changé. Devenu plus injuste. La voie qui paraissait toute droite, semble tourner en rond. Se peut-il que l’histoire, au lieu d'avoir un sens, comme je le croyais très naïvement, et j'étais dans le bon sens, se peut-il qu'elle ne soit faite que de saisons éternellement renouvelées ? Ou d'une spirale qui, la science aidant, aspire le monde vers les sommets du pire ? Après les massacres du vingtième siècle que réserve le vingt-et-unième ?

Personnellement, j'ai l'impression d'appartenir non aux 1% des favorisés de la planète mais au aux 0,000... 1% des privilégiés de l’histoire de l'humanité : je suis passé entre les guerres, trop jeune pendant la seconde (la deuxième ?) guerre mondiale, sursitaire pendant la guerre d'Algérie qui est restée théorique et j'étais du bon coté de l'Histoire, je n'ai pas connu la misère même si mes parents ont pu en souffrir, j'ai profité de ce que l'on n'appelait peut-être pas encore l'ascenseur social qui me paraissait tout naturel, je n'ai pas eu, à ce jour, de maladie grave. Quant à l'argent, j'en ai eu trop ou pas assez pour qu'il me pose problème...

Je vois le monde continuer à s'agiter comme si rien n'avait changé. Devant les deux catastrophes que tout le monde semble annoncer : La maison brûle et nous regardons ailleurs. Dérèglement climatique et épuisement des ressources certes. Mais aussi, inégalités croissantes entre les pays et dans chacun des pays.

Pour la première fois, semble-t-il, les hommes savent où leur comportement les conduit. Ils continuent comme s'ils ne croyaient pas à ce qu'ils annoncent. Une fois de plus, ils se mentent, ils nous mentent ?
Vogue la galère et ses galériens. 19/12/18 (?)

Quand la gauche cherchait un père...

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10 réactions à cet article    


  • ZenZoe ZenZoe 10 mai 11:57

    Ouh là là, un père ???

    Les wokistes vont venir vous chercher des poux, tant pis pour vous, il fallait être iinclusif et parler des mères, mieux, des iels !



      • Epsilone 10 mai 12:05

        Il existe encore des personnes qui réfléchissent, je vous conseille de continuer. Vous pouvez, par exemple, remettre en cause le matérialisme, en général constitutif de la gauche, il y a tout ce qu’il faut pour cela et pour démontrer que c’est une connerie.


        • Octave Lebel Octave Lebel 10 mai 12:12

          À chacun ses états d’âme.Cherchons les erreurs, les nôtres et les leurs .


          Fin de la foire. Je crois qu’avec la macronie, la charnière-droite/ extrême-droite, le social-libéralisme à la sauce hollandaise revenu donner le change quand le RN commence à manger un peu de laine sur le dos de ses compères, le Medef a été imprudent et a vendu la mèche trop tôt.

          S’opposer aux lois LRU avec au passage la macronie et la droite (lois de rénovation urbaine, les leviers nécessaires pour mettre fin aux ghettos de pauvres et d’immigrés qui sont le ferment de l’impasse identitaire et le terrain de jeu des trafiquants) avec un mélange d’opportunisme, de cynisme, d’irresponsabilité et de bêtise pure jus est le cœur et la signature indélébile de l’extrême-droite. Un mandat, un mandat, et au jour le jour l’autoritarisme puis le déluge comme déjà vu chez nous et partout dans le monde. En injectant dans notre société la haine mêlée à la tartufferie de l’indignation et la bêtise encore et toujours qu’il faut flatter (n’est-ce pas messieurs Hanouna et Praud que les milliards de Bolloré, c’est quand même bien utile) parce que nous sommes encore trop intelligents et lucides pour ses gens-là. Comment en fait s’étonner de son rejet profond et résistant au point qu’il faille toute l’énergie et l’insistance des médias et des instituts d’opinion et de leurs sondages fabriqués sur mesure tentant de nous imposer leur réalité en nous faisant croire que c’est celle que nous vivons.

          Ne perdons pas de vue que l’on nous gonfle la tête avec des pourcentages calculés sur ceux qui se disent certains d’aller voter sans le dire sauf exception très rare. Combien de temps laisserons-nous encore ces gens nous faire tourner en rond et nous égarer et décourager avec leurs sondages ? Nous allons juste sortir de l’abstention dont ces joueurs cachent l’ampleur et la signification. Ils cachent le fait qu’au second tour de la présidentielle, nous, abstentionnistes dépassons de loin le nombre de ceux qui ont voté MLP sans compter ceux qui ne voulaient pas soutenir Macron et qui ont voté pour lui afin de la contrer. Le fait qu’au second tour des législatives, LR et LREM ont du soutenir en urgence le RN pour contrer la NUPES. Nous allons voter dorénavant à toutes les élections pour changer la donne et mettre en place enfin une démocratie de citoyens. Où nous serons entendus et respectés et nos représentants tenus pour responsables. Il est temps. Une bonne manière d’éclairer un XXI° siècle qui en a bien besoin.

          En renvoyant au musée ces gens, qui, dès qu’il s’agit de ne pas décevoir les oligarques du pays font la révérence et votent à l’opposé de ce qu’ils font mine de défendre avec les promesses qu’ils font à leurs électeurs.

          En tant qu’électeur, demandons-nous, pourquoi ils font cela et ce qu’il nous reste à faire ?

          → Le RN au pouvoir ? Un « risque nécessaire » pour le patron du MEDEF (23/03/23)

          https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/8h30-fauvelle-dely/reforme-des-retraites-loi-immigration-salaire-de-patrick-pouyanne-ce-qu-il-faut-retenir-de-l-interview-de-geoffroy-roux-de-bezieux_5708426.html

           

           

           


          • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 10 mai 13:18

            Sur la troisième photo on peut lire : « Il faut se méfier des mots »

             

            Ce ne sont pas les mots qui sont trompeurs, c’est l’usage pervers qui en est fait. Les mots sont notre bien commun à tous, notre héritage intellectuel, un espace mental qu’il nous faut défendre quotidiennement et sans faillir contre ceux qui en pervertissent le sens.


            • Seth 10 mai 13:28

              Il est bien réconfortant de lire quelqu’un qui est proche de soi dans sa perception de cette « gauche » et de son évolution douteuse.

              Je ressens les choses comme toi et je me désintéresse de plus en plus de cette politique où je ne trouve plus trace de ce que j’ai toujours cherché. Quant à analyser ce qu’est devenue cette gauche j’évite de le faire, c’est mauvais pour ma tension. La lecture de certains journaux « de gauche » est un calvaire que j’ai cessé de m’imposer.

              Après tout, je fais (pour l’instant) partie de ceux qui n’ont pas de problèmes matériels, je choisis de m’en satisfaire en m’estimant heureux. Je continue à participer à certaines élections bien que je n’y mette pas vraiment ce que je voudrais.

              Je n’ai aucune confiance dans les programmes présentés, les exemples du mensonge sont trop nombreux pour qu’on puisse encore y ajouter foi.

              Lors du match le chi/le pen j’ai voté le chi aussi et finalement je le regrette. Je me rappelle m’être engueulé alors avec mes parents gauchistes qui se sont abstenus et je pratique aujourd’hui cette politique : je ne vote plus que si j’ai une « moins mauvaise raison » de le faire.

              Pour Mitterrand avec le recul et sa biographie, on se demande comment on a pu être dupe.


              • Enki Enki 10 mai 15:28

                @Seth

                Il faut un temps pour d’apercevoir que la gauche, ou la droite, dans laquelle on se complaisait est un songe creux, avec les illusions qui se transforment en amertume.
                Il y a le temps de l’inconfort à ne pas savoir à quel schéma (caserne) de pensées se référer.
                Il y a enfin la souveraineté personnelle qui vient et la liberté de pensée que l’on découvre.
                Ce qui vous arrive est donc une bonne nouvelle.
                Après, oui, comme vous j’essaie d’élire le moins pire (on ne vote jamais aucune loi, on élit quelqu’un, c’est tout..). Et parfois, même, j’y renonce.
                Entre vous et moi, comme vous et autre, on a des points d’accords et de désaccords : on les concerte, on les dispute, on trouve convergence...
                Ce sont des « soi » qui s’expriment, pas des schémas de pensées.
                Pourquoi faudrait-il une droite ou une gauche pour nous encombrer les échanges entre des personnes ?


              • chantecler chantecler 11 mai 12:07

                @Enki
                Tous les partis politiques sont des songes creux !
                Ils vendent des promesses , de l’espoir .
                Mais ensuite !!!!
                Les politiciens investissent surtout dans leurs carrières ....
                Et ne sont pas à quelques mensonges près .
                Sauf exception .... !
                Mais dans ce cas ils ne viennent pas d’ex nihilo .
                Ils ont un véritable passé .
                Quant à ceux « qui cherchent un père » , ça me fait marrer .
                N’a t’on pas parlé des « orphelins du gaullisme » ?
                La Vème a vite verrouillé la quatrième République .
                De Gaulle était contre les débats et le parlementarisme ...
                C’était le chef .
                4 éme à qui l’on doit le redémarrage du pays après l’occupation la défaite (« étrange »- mais pas tant que ça : c’était « Adolf Hitler ou les bolcheviques » avec le maudit Front Populaire ....
                Certains avaient choisi depuis longtemps ) et la ruine du pays .
                Le Reich n’a rien payé .Comme en 18 .... !


              • suispersonne 11 mai 11:42

                Il est de bon ton de laisser se répandre le désespoir, parce que la plupart des analyses démontrent très facilement les supercheries du passé.

                Bien entendu, la succession de points de vue différents comme nuit debout, le front de gauche et lfi, posent un autre problème aux « penseurs » autoproclamés de la condition humaine.

                La seule réaction normale à l’émergence de ces mouvements devrait être : « mince, je n’y avais pas pensé », avec humilité et attention, puis enthousiasme raisonné, et engagement personnel très attentif aux dérives très bien documentées du passé, et aux nécessaires réactions d’autoprotection de la seule véritable démocratie du champ politique, qui pratique le tirage au sort de volontaires pour toutes ses assemblées représentatives, totalement incomprise par ses adversaires de l’extrême bourgeoisie LRNREZ (y compris saussialisses, communisses et zékolos de pacotille).

                Notez qu’il est bien normal que ces mouvements suscitent une avalanche de commentaires péjoratifs insignifiants.

                Et sur une échelle de la masse de neurones mobilisés, ainsi que celle du sens de l’humanité, on voit bien que lfi plane très au dessus de tous ses opposants, craintifs et incertains de leurs valeurs morales souvent abjectes.


                • zygzornifle zygzornifle 11 mai 13:04

                  La Gauche cherchait plutôt du caviar, du champagne et des adhérentes a fourrer ....

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